681_082_Beffroi-de-Montrouge

Vitry sur Seine, 7h30 et non 19h30, je monte dans mon bus articulé comme je le fais cinq jours par semaine pour me rendre sur le lieu de mes exploits professionnels. Mon regard est aussitôt alerté par le visage familier de mon ami Samy qui m’invite à prendre place près de lui. Nous nous mettons donc à discuter et à parler du monde qui nous entoure. Arrivé à Porte de Choisy, je lui souhaite une bonne journée en lui promettant de le contacter dans la semaine, promesse que je ne suis pas certain de tenir tant ma journée risque d’être mouvementée. Samy de son côté me gratifie d’un « bon courage », formule qu’il lâche avec un sourire bienveillant. Je monte dans le tramway avec cette image en tête et cette formule bien étrange. Mais pourquoi m’a-t-il dit « bon courage » ? Et pourquoi j’entends çà et là des « bonne chance » ? Montons-nous au front pour livrer bataille ? Devons-nous battre le record du 110 mètres haies dans les rues de la petite ceinture parisienne ? Je me rassure car d’une part je n’ai vu aucune haie sur mon parcours quotidien sauf à l’intérieur du Stade Charlety, et d’autre part, même si on compare le bureau à un champ de bataille, cela reste bien entendu une image. En effet, il n’y a ni effusion de sang, ni bain d’hémoglobine et encore moins de démembrements spontanés provoqué par une mine ou un obus. Sachant que je me rends sur le lieu de mes exploits professionnels, je devrais être gratifié des formules suivantes :

– « t’es le meilleur »

-« tu n’as pas de limites »

-« tu feras de grandes choses aujourd’hui »

– « A quand ta propre entreprise ? »

Voilà des formules que j’aimerais entendre plutôt que des « bon courage ». Je ne vais ni passer sur la chaise électrique, ni être poursuivi par une meute de loups, et encore moins combattre à mains nues un de mes collègues armé d’une tronçonneuse. Cela étant dit si nous changeons le langage, nous changeons également de postures. Un sourire se dessine sur mon visage car je sais pertinemment que je peux faire de grandes choses et que je ne suis pas le seul à le penser. Une fois au bureau, je salut mes collègues avec un sourire encore plus grand. Le fameux »bon courage » est derrière moi car du courage j’en ai à revendre et  n’en ai jamais manqué. Je remarque que je ne suis pas le seul quand je vois des ouvriers s’atteler à rénover le Beffroi de Montrouge. Une immense bâtisse qui comptait 27 cloches et regroupait l’ensemble des services municipaux. Ces hommes ne se souhaitent pas bon courage mais ensemble ils pensent qu’ils vont y arriver. Et c’est chose faite car ce magnifique édifice rayonne sur mon trajet quotidien et représente un véritable plaisir visuel pour tout personne qui l’aperçoit.

Alors bonne route pour admirer les exploits quotidiens que l’humain peut réaliser !

Abdelhamid NIATI Tous droits réservés

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