Cloué au lit, le corps plombé par les épreuves successives et la douleur comme maîtresse, on se retrouve à demander de l’aide pour effectuer des gestes qui paraissaient comme les plus simples du quotidien. Devoir se lever pour décharger son organisme de ses déchets devient un acte marathonien. Un marathon se prépare mais rien ne nous prépare à la force majeure de la maladie. C’est dans ces périodes précises qui paraissent interminables que l’on trouve en soi les ressors insoupçonnées de la survie, puis de « la sur vie »(*) (un vie augmentée). On ne vit pas on vit plus, tout est plus intense : de la douleur, à son absence ressentie comme un moment de flottement du corps à la dimension supérieure que vient de prendre l’existence. Dans ces mêmes périodes, aux périmètres restreints, on devient extraordinairement créatif, en trouvant des astuces pour se faciliter les tâches dans un premier temps puis pour créer dans un second temps. Les 2 se mettent à faire paire : l’ingéniosité nourrit la plume et inversement. On écrit sa douleur, ses incertitudes, ses amours manquées, ses amours manquants. Très vite, on en vient à écrire ce qui nous rendraient la vie plus simple. C’est à cet instant précis que la plume passe de constat à résistance pour enfin devenir résilience. C’est au cours de ces périodes que va naître une nouvelle vie, une vie d’auteur, de créatif, de blogueur, d’entrepreneurs. On parle souvent de « pain point » à résoudre pour décrire une invention qui va changer non pas une mais des vies. Pain pour douleur : la douleur est source de créativité et d’évolution. Plus largement c’est la difficulté qui est source de créativité. Elle est celle qui vous fera sentir humain quand elle sera là. Elle vous rappellera votre condition de mortel, que le temps est compté et qu’il n’y a plus de temps à perdre pour compter vous y mettre, pour enfin faire ce que vous vous étiez refusé de faire. Vous ne vous sentiez pas capables ? Vous ne vous sentiez pas légitimes ? une épreuve vous prouvera le contraire et ce qui était le mal au début devient bénédiction. C’est toujours avec un grand bonheur que j’accueille la difficulté pour me faire renaître et ne pas me laisser sombrer dans la routine existentielle, source de tarissement créatif et de mort de l’innovation qui sommeille en chacun de nous.
Sans épreuve je n’aurai jamais été celui que je suis et vous ?
(*) néologisme créé pour l’occasion
Abdelhamid NIATI
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La première chose qui m’est venue à l’esprit, c’est cette chanson de Police (écrite par Sting) King of Pain qui dit « I’m always be king of pain »
Ensuite, oui bien sûr, sans preuve je ne serais pas celui que je suis. Saint-Exupéry disait que l’homme se mesure à l’obstacle (ce n’est pas la citation exacte).
Voilà pour les citations 😉
Enfin, c’est là qu’on comprend la force du storytelling. Car dans le storytelling, il n’y a pas seulement l’idée infantile de raconter une histoire. Non, car le storytelling prévoit de mettre en relief (expression adéquate) les obstacles. Car ce sont ces épreuves qui vont donner plus de force, un plus grande émotion et un sens plus profond à l’histoire. Et quand, dans mon métier, on demande à des entreprises de faire du storytelling, c’est révolutionnaire. Car on leur dit parler de vous, de vos qualités, de vos produits, mais mettez en relief les obstacles, mettez en évidence le côté plus obscur, soyez sincères et authentiques, ne vous cachez pas derrière ces obstacles et n’éteignez pas la lumière devant vos erreurs. C’est la révolution du storytelling, celle de révéler l’imparfait pour se mettre en valeur. C’est vrai qu’au final, une fois qu’elles ont compris cela, une majorité des entreprises abandonnent l’idée du storytelling et se réfugient dans le public-reportage. Quel dommage ! Mais les storytellers sont des guerriers et nous irons jusqu’au bout de nos convictions, quitte à mourir sur le camp de bataille. D’ailleurs, je viens de faire du storytelling en parlant des difficultés de cette mission 😉
Merci pour cet article Abdelhamid dont je mesure le poids car un jour tu as décidé de nous raconter ton histoire.
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Merci Denis pour ce commentaire qui complète à merveille ce texte. L’angle du storytelling aborde la mise en relief, l’art de sortir du lot, de marquer sa singularité. L wabi sabi est un concept que les japonais nourrissent pour décrire la patine du temps, l’authenticité, l’imperfection est ici beauté et synonime de valeur. L’épreuve fait la beauté.
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Très beau texte empreint d’un lourd poids j’ai l’impression et d’une réelle force d’avancer. Ravie de te lire
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Merci pour ce commentaire. Cet état d’esprit : c’est un des piliers de ma vie.
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Face à un obstacle de la vie, l’Être humain peut réagir de différentes façons. Certain(ne)s essayent de le contourner, d’autres tentent de le fuir, d’autres encore l’affrontent.
La maladie fait partie de ces épreuves que l’on ne peut ni fuir, ni contourner. Il nous faut l’affronter en face à face. Et se découvrir sous un nouveau jour pour avoir réussi à vaincre son mal et ainsi, penser à son avenir.
Penser à son avenir et mettre un pansement sur son passé, si je peux me permettre cette métaphore. L’Être humain face à son imperfection, sur le chemin de se que l’on nomme « l’école de la vie ».
Merci Abdelhamid pour cet article sous forme de récit. Merci d’avoir osé partager cette expérience. Plus j’avance dans le temps et plus il me semble que nous devenons la sommes de nos expériences, quelle qu’elles soient.
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Merci Frédéric. La fameuse école de la vie en effet. Celle qui nous fait progresser, avancer. Je pense également que nous devenons la somme de nos expériences et que nous réalisons beaucoup de choses mine de rien. Il est bon de s’en rendre compte. Merci pour cet excellent commentaire Frédéric.
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