Samy, un ami que je n’ai pas vu depuis longtemps. Nous parlons, le temps glisse sur nous, le soleil passe et nous restons au même endroit pour discuter. Nous parlons de notre enfance, l’école, la vie, nos familles. Puis viens le moment où il me remémore la perte d’un proche. 


Moi : L’être humain est immortel



Samy : On va bien mourir un jour ? 

Moi : Alors oui et non… en fait non !

Samy : Comment ça non? 

Moi : Cette peur ajoutée à d’autres t’empêchera toujours d’agir. La sempiternelle question : pourquoi faire ça après tout ? Suivi du fameux et ridicule sur tous les plans du tout aussi fameux : de toute façon, on va tous crever !
Alors physiquement oui si on fait abstraction de l’âme ;
Tu te souviens des personnes que tu as “perdues” ? 

Samy : Ben oui


Moi : Tu t’en souviens donc : 
1 tu ne les as pas vraiment perdues 
2 Elles sont devenues éternelles. 


Samy : Comment ? 


Moi : À travers tes paroles, les actes que tu fais pour elles, leurs enseignements (immatériels certes, mais qui se matérialisent par tes actions). Même morts, ils agissent encore et d’autres feront de même avec toi. Même mort, tu agiras toujours. 


Quand je te dis, nous sommes immortels, tu me crois maintenant ? 


Samy : Ben…

Moi : Tu hésites alors tu adhères en partie (je me charge de convaincre l’autre partie).
Tu plantes un arbre aujourd’hui, un figuier par exemple. Qui vivra le plus ? 
Toi ou le figuier ? 

Samy : C’est un arbre, ça vit longtemps. Attends, euh, ça vit combien de temps un figuier ? 

Moi : 300 ans 
d’autres pourront observer pendant des siècles ce que tu as planté. 

Samy : 300 !!!!!!!!!!?????


Moi : oui 300 ans 


Samy : 300 ???? 3 siècles ? Un figuier planté en 1800 peut-être toujours là ? 


Moi : Oui. Bon attention, ça ne résiste pas une bombe atomique non plus. 
Un arbre qui peut résister à des températures allant jusqu’à -17°. 
Il fournit fruits et abris pour les humains et les animaux 
Ce figuier ou ces figuiers que tu auras plantés seront constamment là et joueront les rôles naturels qui sont leurs. Tu penses vraiment que physiquement tu ne seras plus là ? 


Samy : Alors oui et non. Je comprends l’idée du figuier. 


Moi : C’est un arbre, pas une idée. Je te taquine 
Quand tu pars, c’est douloureux autant pour toi et plus pour ceux qui restent. 
Le deuil. C’est douloureux en effet. Pourquoi c’est douloureux ? Ils ne te voient plus dans un premier temps, mais sentent ta présence et réécoutent intérieurement tes paroles, tes rires. Ils te visualisent toujours aussi élégant, plus même. 


Samy : Ça fait mal. Quand j’ai perdu ma mère, j’ai cru que j’allais mourir dans l’hôpital. Le monde s’est écroulé. 


Moi : Il s’est réellement écroulé ? 


Samy : Non ! Mais pourquoi cette sensation. 

Moi : Celle qui t’a porté et aimé, nourrit, c’est un monde qui s’écroule, mais là encore on relativise. En te mettant au monde, elle a donné naissance à ton monde et ceux de ta descendance. Tu te souviens de quoi avec ta mère ? 


Samy : De tout, même de la plus petite parole, de son odeur, ses cheveux, sa voix. Sa voix résonne encore en moi. Son parfum, ses yeux, sa beauté : ma magnifique maman. 


Moi : Est-elle vraiment partie ? 


Samy : Oui et non en fait. Je parle avec elle. Elle vit à travers moi. 


Moi : Tu as tout compris. Une âme est immortelle. L’un de nous deux mettra l’autre en terre. Ce jour-là, promets-moi de te souvenir de cette conversation. Je t’attendrai de l’autre côté. 


Toi qui nous lis : Combien de figuiers as-tu plantés ? 


Abdelhamid NIATI
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