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La lumière du jour commence petit à petit à envahir mon espace vital et vient caresser mon visage. Engagé dans une relation intime avec mon lit, celle de  mon espace vitale est tout aussi délicate et exclusive.  Je décide donc d’ouvrir les yeux une bonne fois pour toute et de sortir de mon cocon nocturne. Une fois à la verticale, je me dirige vers la fenêtre et  l’ouvre afin de me recharger en Oxygène et d’observer la ville. Au loin, un mannequin de plusieurs centaines de mètres se dresse sur son armature de métal, exhibant ses courbes et sa lingerie au monde entier. Le regard à 14h00 me permet de me régaler de la vue du cœur sacré quitté la veille au soir. Après, l’oxygène, je rejoins l’autre élément vital à savoir l’eau pour ressentir encore plus le goût délicat de ma vie. Un nectar Ethiopien viendra ensuite caresser mon palais afin de faire le tour de mes sens.

                J’allume enfin ma structure et me connecte avec mes clients, prospects et compagnons de route. J’ai choisi mon isolation phonique afin de clore le dossier divorce entamé avec mon existence précédente. Je subissais les bruits, les odeurs, la promiscuité et la vue non-panoramique du tramway nommé cauchemar. Ma destination finale se résumait à un bureau avec fenêtre donnant sur un  cimetière. Pas de moineau, mais plutôt des corbeaux pour rythmer ma journée. Un peu comme Jean Meckert, je suis l’homme au marteau qui subit un quotidien professionnel monté en boucle avec sur mon chemin un trajet digne des galères et des collègues soumis à la taxe carbone, tant ils polluent mon espace vital. Aujourd’hui est un  autre jour, car je travaille « in my own house», un environnement de travail que j’ai choisi lorsque j’en ai fait l’acquisition avec ma femme. Me voilà donc en train de travailler sans avoir l’impression de vraiment le faire tant je suis à l’aise. Seul le résultat de la journée me  montrera combien je suis productif dans ma sphère vitale.  J’ai également divorcé de ma cantine et  me nourrit sainement depuis que je choisi mes propres aliments. Rien de plus normal puisque je suis chez moi. A 15 heures, 1 heure de cardio training afin de rester en forme, car oui ô luxe suprême, j’ai également ma propre salle de sport. Il est 18 heures lorsque je termine ma journée et que mes enfants rentrent de l’école suivis de près par mon épouse. Autre luxe, je les vois plus souvent et je les mets au lit, chose que je ne pouvais faire dans mon ancienne vie car une fois rentré, ils dormaient déjà.  Alors oui j’ai divorcé pour mieux me remarier avec une vie que je croyais oubliée. Le soir le cœur sacré veille sur moi et je fais de même avec ma géante métallique.

Abdelhamid Niati 

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